Une ingénieure bâtisseuse de convictions

Rien ne destinait l’avignonnaise Marie Colozzi à travailler un jour dans le bâtiment. Douée pour les sciences et les mathématiques, elle avait d’abord imaginé mener une carrière de chimiste. Mais au fil de son DUT en génie chimique et génie des procédés effectué à Marseille, une certitude s’est imposée : elle n’était pas « miscible » avec cette matière.

Conseillée par des enseignants, elle revoit alors sa feuille de route en visant une école d’ingénierie. En 2012, elle intègre à Lyon une « adaptation de technicien supérieur » (ATS), une classe préparatoire spécifique, d’une durée d’un an. En parallèle, elle postule sur dossier auprès d’écoles d’ingénieurs, portée par ses bonnes notes, des lettres de recommandation de ses enseignants et une motivation déjà en « acier trempé » pour cette future spécialiste des matériaux.

Les matériaux comme terrain de jeu

En 2013, elle est admise à Polytech Marseille. « Durant ces trois années d’études, j’ai développé une sensibilité particulière aux enjeux techniques et environnementaux liés aux matériaux de construction », se remémore la conductrice de travaux. J’ai beaucoup aimé les procédures liées à cette science appliquée, que nous faisaient découvrir non seulement les enseignants, mais aussi des experts du métier, exerçant dans tout type d’entreprise : industries de transformation, aéronautique, biens de consommation, produits réfractaires, automobile... ».

Expérience fondatrice

Lors de son stage de fin d’études, c’est vers la construction que Marie Colozzi s’est tournée, en rejoignant pour un semestre le bureau de Bouygues Bâtiment, à Aix-en-Provence. « Je faisais partie d’un pôle de cinq conducteurs et conductrices de travaux, dans un projet de maîtrise d’œuvre : construire l’extension en R+3 du centre pénitentiaire d’Aix-Luynes, ce nouveau bâtiment doublant la capacité du site ».

Quelques mois avant l’obtention de son diplôme d’ingénieure, Marie Colozzi découvre un fonctionnement professionnel qui lui correspond pleinement : pour moitié active sur le chantier, à coordonner de multiples corps d’état de second œuvre ; pour moitié active au bureau, en coordination technique et planification des étapes de construction.

Au terme de ses études, la jeune diplômée de Polytech est embauchée en CDD par le Centre régional des œuvres universitaires d’Aix-Marseille-Avignon. Elle y passe 18 mois en tant que conductrice d’opérations immobilières, découvrant un autre versant de son métier : celui d’un maître d’ouvrage dans le secteur public.

Rythme et diversité : la vie en modulaire

À la fin de ce contrat en 2019, elle est contactée par un cabinet de recrutement. Et embauchée dans la foulée comme conductrice de travaux au sein de l’agence Algeco Méditerranée, à Vitrolles, près de Marseille.

Revenue à l’agence Algeco Méditerranée en 2020, Marie Colozzi y apprécie la solidarité avec ses homologues conducteurs de travaux. Appui et conseils techniques, relais dans le suivi des chantiers lors de congés : autant d’actions qui « fluidifient » un quotidien de travail exigeant, à l’échelle d’un vaste territoire qui englobe la Corse et la Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Réalisations marquantes

Marie Colozzi a supervisé plusieurs chantiers modulaires complexes ou atypiques. Elle a notamment été chargée de fournir des bureaux modulaires neufs de la gamme ALGECO^® Progress 20 pour la société Trans Pistes, qui assure les navettes de bus sur le tarmac de l’aéroport de Marseille Provence. « Le chantier s’est déroulé dans une zone sécurisée et à accès restreint, soumise à fouille et contrôle quotidiens. Et les modules ont été acheminés par camion en circulant sur les pistes, c’était impressionnant ».

Dans un autre registre, la conductrice de travaux a aussi assuré l’implantation d’une crèche et d’une école temporaires pour une commune de plusieurs milliers d’habitants dans le Var. Avec l’impératif de se conformer à la règlementation liée à la petite enfance, notamment par la pose systématique de caches sur les prises électriques et les convecteurs, ainsi que l’ajustement des hauteurs et des formats des poignées de portes. « Autre difficulté : nous devions installer nos modules dans une cour de récréation arborée d’imposants platanes, sans pouvoir ni couper ni élaguer ceux-ci. Il a fallu calculer au plus juste la circulation des camions acheminant les modules et la phase de grutage ».

Experte et affirmée

Même si la filière du bâtiment se féminise, Marie Colozzi est encore confrontée parfois à des préjugés sexistes ou à des procès d’intention quant à sa légitimité technique. « J’ai a appris à poser les limites et à affirmer mes compétences. J’ai développé cette aptitude autant par mon caractère ‘naturel’ que par mes années de pratique sportive », confie la jeune femme qui a pratiqué la compétition au plan national, en gymnastique pendant dix ans et en athlétisme pendant huit ans. Ce parcours, dans des clubs mixtes, lui a inculqué discipline, endurance et capacité à se dépasser.

Évolution continue

Curieuse et volontaire, Marie Colozzi ne se repose pas sur ses acquis (ses connaissances d’ingénieure, sa rigueur dans l’organisation et la planification, son expérience de près de dix ans dans la construction, sa capacité à gérer des chantiers très variés).

Elle souhaite continuer à se former, notamment sur des aspects techniques liés aux courants électriques faibles et forts, au gros œuvre, à la maçonnerie. Une formation en communication dispensée chez Algeco lui a aussi permis de renforcer son savoir-être et sa posture, indispensables pour rester dans une relation de qualité avec les clients, en particulier en cas de tension.