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Les lieux de transit offrent la possibilité de moments où le temps est suspendu

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19/10/2016

Avec “Shelter”, 3ème prix du concours Architecture Élémentaires 2016, Mélaine propose de créer dans les lieux de transit, des espaces de rupture où le voyageur pourrait s’isoler et se recentrer sur lui-même.

Architecte-urbaniste, Mélaine Ferré met sa culture en résonance avec celle des autres. Après avoir étudié notamment en Angleterre, il connait ses premières expériences d’agences à Londres et à Montréal, se confrontant ainsi à une culture architecturale anglo-saxonne mariant art et technique. Il travaille ensuite dans des agences françaises d’envergure internationale avant de créer sa propre agence en 2012, à Nantes.

Pourquoi avoir participé à Architectures élémentaires et à quoi avez-vous pensé en découvrant le thème du concours 2016, "Lieux de transit 2025"?

Mélaine Ferré - Je suis toujours resté à l’écoute des concours, qui sont pour moi une façon de garder un pied dans la prospective. Et j’ai bien sûr été attiré par le sujet en lui-même : les lieux de transit sont des endroits que nous connaissons et fréquentons tous, occasionnellement ou quotidiennement, et où nous y “subissons” souvent l’attente. J’ai tout de suite eu la volonté de transformer, sublimer – si le mot n’est pas trop fort – ce temps parfois perdu.

“Shelter” , votre proposition a remporté le 3ème prix du jury. Comment la résumeriez-vous?

 

M.F. - L’idée consiste à transformer des modules Algeco en un lieu où le voyageur pourrait s’isoler de l’environnement extérieur, se “déconnecter” des technologies, se “reconnecter” avec lui-même. Leur dimension apaisante (9 m²) s’y prête parfaitement ! Aménagés d’éléments minéraux et végétaux inspirés notamment de l’architecture japonaise, ces modules seraient accessibles via un sas et sans aucune ouverture, exception faite de l’oculus pour une vue du ciel. De jour comme de nuit, la luminosité du soleil et le bruit apaisant de la pluie y feraient irruption.

“Shelter” va à contre-sens de beaucoup de projets présentés lors du concours, marqués par internet ou la proximité sociale. Pourquoi?

M.F. - La connexion dans les lieux de transit est souvent associée à internet, aux smartphones ou aux tablettes numériques. Je voulais développer un concept différent. L’attente peut aussi être vécue comme un moment de rupture avec le mouvement d’accélération permanente qui nous entoure, baigné dans un environnement trop technologique. “Shelter” est au contraire un lieu débranché permettant de s’abandonner au temps, à l’être, à l’attente, à l’ennui, à la pensée… D’où son nom, qui signifie en anglais “abri”, avec une connotation de cabane, d’enveloppe.

Votre approche est développéedans un mode d'emploi…

M.F. - Teinté – je l’espère – d’humour ! Il serait affiché dans les modules ou à leur entrée pour inviter le visiteur à trouver une forme de bien-être, à échapper quelques minutes à l’emprise de la technologie. La connexion internet y sera d’ailleurs interdite ! En revanche, il sera conseillé de s’y endormir ou de lire un livre palpitant. Cette démarche est présente dans d’autres projets du concours, sous des formes différentes avec par exemple la recherche de la proximité sociale ou de la rencontre. Je me suis pour ma part orienté vers quelque chose de plus intérieur.

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Où “Shelter” serait-il le plus à même de voir le jour?

M.F. - Le projet est pour l’instant resté au stade de la maquette 3D ; j’aimerais bien sûr développer un prototype. Il serait selon moi très adapté aux parkings des centres commerciaux et plus encore aux aéroports, lieux où l’on se “pose”, où l’on est dans un entre-deux, où l’on se confronte à de nombreuses cultures. Des lieux de prière y sont déjà installés, pourquoi pas des “Shelter” ?

Que vous a apporté au final cette participation à architectures élémentaires?

M.F. - D’abord une réflexion prospective sur un sujet contemporain, les zones de transit étant devenues incontournables dans les villes. Ensuite une mise en avant de mon agence et mon travail, les résultats du concours étant relayés sur des sites ou des publications professionnelles. Enfin des contacts avec l’agence Algeco de Nantes, qui développe des projets événementiels ou scolaires innovants.

 

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